Le Prix ANI-PixTrakk

« Taking Care »

Rentrer dans un hôpital, c’est « faire un voyage dans la condition humaine. »

L’hôpital, c’est le cœur de la vie, on peut tout y découvrir, croiser toutes les situations. Un brassage entre la vie qui vient, la mort, et beaucoup de souffrance. Et cette sensation qu’il donne à tous d’être un monde en soi, j’ai voulu la montrer.

Microcosme mais méga-corps pourrait-on dire. Le corps du patient, le centre de l’hôpital. Un centre éclaté en spécialités posées côte à côte. Un corps posé ou opposé entre le soignant et le patient.

S’il est un monde, l’hôpital est comme un incroyable amortisseur sanitaire et social sur lequel nous atterrissons tous, qui que nous soyons, à un moment ou un autre de nos vies. Un amortisseur aujourd’hui tendu à bloc par une crise sans précédent.

Il est demandé aux urgences de fonctionner à l’unisson d’une société qui, elle-même, est devenue une société de l’urgence, H24 7/7. Le « ça passe ou ça casse » devenu l’option, l’alternative partout aux commandes. Alors qu’au fond aucun soignant ne veut renoncer à l’humanité dans son soin, qui serait renoncer à lui-même.

Ainsi, le soin prodigué à l’hôpital, me paraît-il un soin que la société s’apporte à elle-même, dans son ensemble, bien au-delà d’un établissement de santé. Ce soin donné n’est pas quantifiable, il n’est tout simplement pas mesurable et c’est au fond ce que veulent montrer mes images, la présence des corps dans tous leurs états dans un flux de vie.
Photographie : © Marin Driguez